Le tour de Paris 2008 raconté par Joël

 

TOUR DE PARIS 2008

Par Joël

EQUIPAGES : Phil et Serge en “Autogire“. Philippe et sa copine en “XT 912“ noir. Jean Michel en “Super Bingo“. Christian et Eric en “Sky“ bleu. Philippe et André sur “Sky Swift“. Bruno sur son “Pionner 200“ avec Raffi. Saint Grégoire et saint Mathieu dans le “COSMOS“ restés au lit et commandant Jean-Pierre avec moi-même sur “XT 912“ jaune.

6 heures 15, le ciel est un peu plombé, humide…. Un manteau gris recouvre lentement l’aérodrome. Je ne suis pas d’un naturel optimiste, pourtant je suis persuadé que c’est le bon jour. Nous allons aujourd’hui zigzaguer entre les perturbations. L’équipe arrive doucement. Christian hirsute, se lève. Trop de bruit, trop d’agitation, il traverse le mess comme un lémure, l’esprit à la verticale de la machine à café. Une peu du breuvage dans les veines et enfin, il se vache.

Ce que nous présente la nature ne ressemble pas à d’heureuses prévisions. Un front orienté Sud Ouest remonte lentement vers le Nord. A 6 heures les vents établis sont de 20 km/h. A 8, Philippe casse le moral de tous et annonce des rafales à 55. Pour les multiaxes, pas de problème, mais les pendulaires !!!! Les pendulaires !!!! Ces “encoulateurs“ d’oies sauvages….comment peuvent-ils pratiquer leurs activités dans une atmosphère aussi turbulente !!!!! Bruno l’a peut-être dit ?

Les équipages s’affairent. Je rajoute 20 litres aux quarante. J’écrase les provisions sous les sièges. Pour le calcul de la masse, 912 c’est le Spirit of Saint Louis avec parachute et radio en plus. En attendant le feu vert, la pluie martèle le hangar……5, 10, 15, 20 minutes

Accalmie, les machines sortent le museau du hangar. Un regard sur 360°, vers le sud se dessine une lueur blafarde. L’essaim décolle. Les 912 prennent la tête. JP tient la barre au 180°, face aux vents, à 1500 pieds A l’entrée de la CTR de Melun, on monte à 2500. J’écarquille mes paupières, dilate mes prunelles, à la recherche de la croisée du ruban gris et il est là, à droite. Sur la fréquence de Melun c’est grand silence. La “28“ est déserte.

Ici, ca chahute…. un peu…. beaucoup…. passionnément. Commandant JP, est arcbouté dans son fauteuil, les mains soudées sur la barre, l’œil vissé sur Moret-sur-Loing. Comme seul lien nous entendons le chuintement de la radio et le hurlement du vent. Nous traversons des masses d’air tour à tour chaudes, puis froides. Nous nous taisons……. humblement.

Au loin, la ville baigne dans un halo de lumière. Les habitants ignorent encore qu’ils vont être noyés sous des cataractes d’eau, dans quelques instants. La forêt rongée, disparaît rapidement. Notre vitesse sol continue de chuter. L’aile plie, les bourrasques tapent, nous sommes dans un shaker. Les minutes s’égrènent. Il est peu probable que nous puissions atteindre la centrale EDF des Renardières et Episy avant la perturbation. Ce qui est sur c’est que si nous restons dans cette zone, ce ne sera plus le shaker auquel nous aurons droit mais à un essorage à 1200 tours. Cap au Nord, compas au 0, la vitesse sol passe brusquement de 45 à 166km/h. Il nous faut trouver rapidement Nangis. « C’est la piste ? »… « Affirmatif ! » assure commandant JP. Fi de la radio ! C’est une urgence ! Sus à la “23“ herbes et taupes hurle-t-il dans le casque. Prise de contact, en douceur, délicate, proche de la perfection, résultat d’un pilotage généreux et d’un apprentissage à la lévitation de bonze. Après l’atterrissage, Commandant JP et moi-même nous prosternons fébrilement sur le sol en embrassant l’herbe mouillée, reconnaissant. Puis, avec beaucoup de pudeur, relevées et ébroués, dignement, nous accueillons les équipages. Puis nous attendons….. Il arrive….Dieu et son pilote !

Flap.. flap.. flap.. flap…….dans son autogire immaculé. Derrière ses Ray-ban il nous bénit. Mes brebis, c’est oune miracle……..chantons……gloire et alléluia !!!!!!

Il fait beau à Saint André, annonce Phil. Le chœur des équipages chante : on y va, on n’y va pas, on y va, on n’y va pas……maintenant ou jamais ? Le front de la perturbation venant de fontainebleau arrive rapidement. Encore dix minutes d’hésitation et on restera planté, là. A l’ouest rien de nouveau, le ciel est bleu…..

Sale temps, nous décollons avec un fort vent de travers sur la “23“ dur. Sortie main droite. En vol, chacun sa stratégie. Nous voulons atteindre rapidement une zone plus engageante. Notre appareil est rejeté au nord par les vents du Sud Ouest. Ce que nous gagnons au 240, nous le perdons, poussés vers le nord en dérive. Plus tard, nous remonterons face au vent, plus tard……. Mais pour le moment, ca tape….. de plus 40 Km/h au GPS pour un 120 au badin, ça fait des litres au 100…

Un feston de nuages noirs, au dessus de l’appareil marque la limite des turbulences. L’ouest est sous le soleil, l’est dévoré par la pluie. Les fumées des cheminées et des torchères du complexe pétrochimique de Grandpuits se dissipent en un long cordon blanc, parallèles à la plaine. Nangis les loges est sous la pluie. Nous nous retrouvons en lisière de CTR et remontons au 180°. Nous contournons la ville par le sud. Serge, Philippe et les autres équipages prennent plus au nord.de Melun.

500 pieds au dessus du 912, une vision rassurante, celle de Christian et Eric en combinaison de Sky. Durant un moment nous avons le sentiment d’avancer aussi vite puis peu à peu il disparait et se fond dans le ciel. Nous virons doucement au 240.

Il nous reste le grésillement des communications hachées à la radio. Nous sommes seuls, notre navigation est approximative. Nous sortons de la carte. Je crois reconnaître, loin sur ma gauche Bunno-Bonnevaux, alors que notre appareil croise au sud de la Ferté. A 2500 pieds plus bas les avions stationnés en bout de piste sont peut-être bien ceux de la Ferte-Alais. C’est sur……

Correction au compas, notre vitesse sol reprend des couleurs. Nous franchissons rapidement l’autoroute et le péage de Saint-Arnoult. Cap au 290 vers Dreux, puis au 340 vers Saint André. Le crépitement de la radio nous vrille les oreilles, un commutateur est resté branché. Nous peinons, égarés sur les derniers miles avant de nous annoncer pour un verticale terrain“, vite corrigée par Phil. “Arrivée directe base “23“ herbe“. Les multiaxes sont là…… Il manque Philippe et sa compagne en 912 XT noir…..5 minutes, 10 minutes, rien à l’horizon. Notre jauge indique encore 10 litres, il ne doit pas leur rester plus. Serge parti à leur rencontre détourne l’appareil sur Dreux de crainte qu’il ne tombe en panne. Philippe atterrit, sa passagère un peu blafarde titube, pour un baptême c’est un baptême.

Gaëtan nous accueille chaleureusement, (hyper merci à toi Ho grand Seigneur de St André de l’Eure). Il se plie en quatre, avec gentillesse, pour nous mettre à notre aise. Nous l’en remercions en espérant qu’il puisse un jour venir nous rendre visite.

Pique nique rapide et réconfort, allongés dans l’herbe. Philippe cherche un sandwiche. Pendant ce temps, les nuages défilent et s’accumulent au dessus de nos têtes. Le plein fait, nous reprenons l’air avant que les conditions ne se dégradent de nouveau. Après la “23“ sortie main droite. « Qu’est-ce que vous foutez les gars !!! », cap sur Compiègne. Commandant JP à la barre, nous prenons au nord en prenant soin d’éviter Creil, tranquille…tranquille. Mantes-la-Jolie à notre droite, Magny en Vexin puis, cap au 70, paisible. Le stress du matin est retombé, la campagne défile sous le chariot, il ne peut plus rien nous arriver. Entre Beauvais et Compiègne nous croisons la route d’un airbus “Raynair“ en finale sur la plate forme de Beauvais, quelques centaines de pieds plus haut. Tout de même, un peu bas, nous a-t-il vus ?

Compiègne Margny est vite repéré. Devant les hangars les multiaxes nous attendent. Sur la “23“ un planeur en attente d’être tracté empiète la piste, nous décalons le seuil. Commandant JP touche en sécurité plus avant, flegmatique. De la maîtrise encore de la maîtrise……

Dernière étape et retour sur Meaux. Nous choisissons l’option paresseuse, suivre le convoi dans le couloir ne nous convient pas. Nous n’arrivons pas à capter la fréquence de Christian qui ouvre la voie. Nous décrivons de grands S sous son empennage pour éviter de le dépasser. Il fait beau, nous faussons compagnie à l’escadrille pour suivre les méandres de l’Oise et de l’Aisne, cap à l’Est. A la sortie de la forêt de Compiègne nous prenons au Sud à 2500 pieds en direction de l’imposant château de Pierrefonds que nous laissons sur notre droite. Retour la tête dans les nuages, nous nous balançons dans notre landau comme deux poupons, sous le soleil.

Une superbe journée commencée dans l’incertitude. Nous rentrons la couenne tannée par les UV. Après deux tentatives infructueuses le tour de Paris est enfin bouclé…Dieu Serge……. merci !!!

Merci à toi Joël pour ton texte, ce fut une super journée de ballade départ 9 heures pour une arrivée à 15h30, les machines ont bien progressées.